A nouveau une histoire de famille avec Gérald Maigues…
Quel est le rôle de la photographie dans votre vie ?
Tout d’abord je dois avouer que je suis un photographe amateur. Mais, comme j’ai eu la chance de pas mal voyager, mon vieil argentique (qui va sur ses 40 ans) a été un compagnon de route dont j’aurai du mal à me séparer. Même si on m’a offert récemment un réflexe numérique avec lequel je prends beaucoup de plaisir et qui m’offre d’autres possibilités photographiques.
Les photos sont pour moi une émotion, un instant qu’on immobilise et qu’on immortalise (contrairement au déroulement d’un film). Alors que nous vivons dans un monde de la vitesse et de l’urgence, la photo sacralise la lenteur. Prendre le temps de s’arrêter, de regarder le sujet, la lumière, d’imaginer la photo qui en résultera.
C’est aussi les étapes qui ont jalonné ma vie, comme les tableaux que nous avons chez nous et qui racontent des histoires.
Et puis, malgré les années qui passent, il est étonnant de constater comme on se souvient de chaque photo, des circonstances et du lieu.
Que de soirées diapos n’avons nous pas partagées et de photos papier que nous avons fait circuler autour de la table et d’un verre entre copains, famille et amis !
Encore aujourd’hui, à la recherche d’une photo, j’ouvre les boîtes où elles sont rangées, et j’exhume au hasard toutes celles que je retrouve. C’est un grand bonheur teinté de nostalgie.
Et, pour ne pas voir s’effacer mes vielles diapos, ma femme et mon fils m’ont offert un scanner diapos avec lequel j’ai pu numériser 2800 photos dont les premières remontent à 1979. J’ai pu ainsi transmettre cette « bible » à mon fils.
La photo, c’est enfin un voyage à travers l’espace et le temps. C’est toujours un réel plaisir que l’on soit au bout du monde ou dans son jardin.
Et il n’y a pas d’âge pour prendre du plaisir !
Quelle est l’histoire de votre photo (G8-262, Mer de glace) à Baie Saint Paul au Québec ?
En septembre 2011, nous avons entrepris de partir, avec ma femme et ma belle sœur sur le chemin de Compostelle (« lou camino » en quelque sorte).
Entre Saint Jean Pied de Port et Pampelune, nous avons rencontré trois québécoises. Immédiatement le courant est passé et ce fut le début d’une grande amitié.
Fin décembre 2012, nous avons été invités à passer le réveillon du nouvel an chez elles à Québec. Nous avions visité le Québec en été 10 ans plus tôt et je m’étais promis de revenir en hiver voir le Saint Laurent pris dans les glaces.
Nous avons passé un séjour chaleureux malgré les – 20° et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi cette photo (j’aurais pu en choisir de nombreuses autres). Vous l’aurez compris, en fait j’ai choisi avant toute chose l’histoire qu’elle raconte.
Quelle connexion avec celle de la génération précédente (Sculptures d’hiver d’Annie Dufour) ?
Je serai très bref car la neige et la glace de la photo « Sculptures d’hiver » ont été des repères évidents. De même que le désert est un sujet éblouissant, les étendues glacées sont saisissantes.