Line Francillon se pose quelques minutes sur la branche…
Quelle est la place de la photographie dans ta vie ?
Je fais et je vois des photographies depuis longtemps, depuis tout le temps en fait, j’ai commencé sans y penser, car mon père est artiste photographe, et travaillait dans un laboratoire argentique. Les images, l’appareil photo, le cadre, le temps, le choix, la chimie… C’est une pratique naturelle pour moi, mais qui est devenue de plus en plus consciente et qui a évolué avec la découverte d’autres arts visuels. Ce qui m’intéresse dans la photo, c’est l’invention, et cela dans le réel. Une histoire de rencontre des éléments, de lumière, d’attente, d’instant, d’intuition. Cette pratique oblige à trouver son « point de vue » sur les choses, sur ce qui nous entoure. En photo, tu es obligé de regarder autour de toi, c’est un art solitaire, mais en même temps tu te connectes avec le monde. Cela parait superficiel, on ne capte que la surface des choses, mais parfois une image prend du sens, elle existe, elle s’affranchit de toi et de son contexte.
La manière dont je fais des images est très instinctive, et en même temps profonde. Je ne comprends pas tout, cela me dépasse. Dans mon travail de transmission de la photographie notamment, avec différents publics, j’essaie de faire sortir les choses les plus personnelles, les plus particulières. La prouesse technique et les photos déjà vues mille fois m’ont toujours ennuyée, car je ne sens personne derrière l’image, sinon la « norme » de ce qui doit être beau et acceptable esthétiquement.
Bref, la photo est pour moi un moyen de percevoir le monde de manière intense, d’être dans la vie. C’est une exploration sans fin.
Quelle est l’histoire de ta photo (La fabrique du paysage) ?
Cela fait deux étés que je voyage en Islande, et à chaque fois j’ai fait des photos dans cet endroit. Il s’agit d’une maquette de l’île. J’ai tout de suite aimé les reliefs à contrejour et le rapport d’échelle avec les visiteurs. L’idée de construction du paysage m’est venue. Et ce qui est étonnant, c’est que je suis tombée sur l’atelier de construction de ces maquettes par hasard, dans un village. Je suis en train de développer une série sur la représentation du paysage, et cette photo y trouvera sûrement sa place.
Quelle connexion avec celle de la génération précédente (La terre vue du ciel de Camille Ganivet) ?
La photo vue d’avion de Camille Ganivet m’a plu car elle est très simple, la terre en jaune, la mer en bleu. Cela m’a fait penser à la représentation du monde dans les Atlas, alors j’ai pensé à cette photo.
Vous pouvez découvrir le travail de Line en allant sur son site.